Et l'essaim
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Exposé Érasme - Première partie

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Exposé Érasme - Première partie Empty Exposé Érasme - Première partie

Message  Mari-on Jeu 13 Jan - 19:00

I - Formation d'un humaniste chrétien (1466-1504)

1 – Sa naissance et son éducation religieuse

Desiderius est né entre 1466 et 1469 à Rotterdam (qui n'est alors qu'une bourgade de pêcheurs) des amours d'un moine copiste et d'une fille de médecin, Margaretha Rogerius. Père originaire de Gouna (Égypte), copiste et calligraphe puis prête du nom de Geert ou Gérard. Il est un enfant illégitime (né hors-mariage, à l'époque on parlait de defectus natalis). Frère aîné d'un an, Pierre dont il dira peu de choses. Sa naissance illégitime n'empêcha pas ses parents de s'occuper de lui avec soin jusqu'à leur mort. Les doutes qui persistent autour de sa naissance et son enfance sont en partie dus à l'humaniste lui-même qui n'aimait parler de cette période.

Enfant chétif et d'une sensibilité maladive, il endure difficilement des premières années d'études pieuses et disciplinaires.
il fréquente d'abord l'école de Winckel à Gouda en 1476
puis il est choriste en 1477 à l'école capitulaire d'Urecht
l'éveil de sa soif de connaissances coïncide avec son passage à l'école des frères de la Vie commune de Deventer (1478-1483) aux Pays-Bas, un des premiers foyers de l'humanisme. Ce lieu de l'humanisme hollandais naissant fournit à Érasme ses premiers contacts avec des textes de l'antiquité païenne. On y apprend à concilier christianisme débarrassé des éléments scolastiques (enseignement théologique et philosophique) et formalistes et l'enseignement des maître gréco-latins. Il y rencontre Agricola, un humaniste « lumineux », dont la rencontre va être déterminante pour son orientation.

Cette première période d'épanouissement relatif s'interrompt brutalement : les ravages de la pestes emportent en quelques mois ses parents. A 17 ans, il décide alors de s'appeler « Desiderius Erasmus Roterodamus ». C'est contre sa volonté que ses tuteurs, désireux de le voir poursuivre une vie religieuse le placent à l'école médiocre de Bois-le-Duc (1483-1486) où dit-il, il « perdra sont temps ». Il est le seul à se révolter, contrairement à son frère, plus soumis. Mais il finit cependant par céder, ayant découvert la richesse de la bibliothèque des moines de Steyn. Puis c'est auprès de ces chanoines augustins (1487-1492) de Steyn, qu'il prononcera ses vœux (1488, à 25 ans).

L'imposante et éclectique (non limitée à une catégorie) bibliothèque de Steyn est un véritable trésor où Érasme vient puiser avec émerveillement les plus fins joyaux de l'antiquité païenne. Il dévore Térence Juvénal, Ovide, Cicéron, Virgile, Horace, mais aussi quelques auteurs modernes tels que Valla, Le Pogge, Phidelphe. De cette période date son aversion pour la scolastique trop étroite qui dédaigne tous ces auteurs païens qui donnent à Érasme le goût de la poésie, le sens du style, l'amour de la pensée fine et subtile.

Il continue de subir avec une exaspération croissante les désagréments d'une existence ascétique (liée à l'ensemble des exercices à visée spirituelle : mortifications, pénitence...) rythmée par divers châtiments corporels. Il fait l'expérience de deux échappatoires fondamentaux qui lui permettent de desserrer l'étau de sa solitude : l'amour des grands auteurs païens et l'amitié. Il a une histoire d'amour platonique, avec un jeune homme Servais Roger, à qui il écrit des lettres enflammés. Mais peut-être n'est-ce qu'une anecdote qui permettra à Noël Beda, professeur de théologie et directeur du collège Montaigu de l'accuser plus tard d'avoir des mœurs corrompus. L'amitié offre au jeune bâtard sevré d'amour depuis la disparition précoce de ses parents un objet rêvé dans lequel il peut déverser un trop plein d'affection trop longtemps contenu. Il découvre les joies de la correspondance où se mêlent le goût du badinage frivole et léger, les réflexions graves, l'ivresse de l'épanchement et l'émerveillement du partage des passions communes. Ce plaisir de l'échange épistolaire le poursuivra toute sa vie (plus de deux cents correspondants, des milliers de lettres écrites entre 1489 et 1535).

2 – Les prémices de son indépendance

Il est ordonné prêtre le 25 avril 1492. De bonnes recommandations lui permettent d'occuper le poste de secrétaire de l'évêque de Cambrai Henri de Berghes (1492-1494). Il réussit à obtenir l'autorisation de deux prêtres de ne plus porter la soutane (robe noire des ecclésiastiques) grâce à « l'art de se débarrasser discrètement, sans attirer l'attention, de se qui le gênait et de conserver son indépendance d'esprit » (Sweig). Il met à profit ce court épisode de sa vie pour observer attentivement la vie dissolue et mesquine menée par la noblesse de cour. En 1494, Érasme finit d'écrire Les Antibarbares, qui est à la fois un hymne à l'humanisme opposé aux barbares.

Sur le conseil de son entourage et grâce au consentement de son évêque, Érasme va suivre des cours de théologie à Paris en vue d'obtenir le doctorat (1495-1499). Il s'inscrit comme galoche (étudiant pauvre) au collège de Montaigu de l'université de Paris et vit dans l'accablement de ses retrouvailles moroses avec une vie monastique, des structures sclérosées et une insalubrité évidente. Montaigu a une énorme réputation mais c'est aussi un enfer par sa discipline. Les quelques cours qu'il suit à la Sorbonne où règne en maîtresse despotique la puissance scolastique achèvent de nourrir sa critique des tares de l'enseignement universitaire.

Il est de retour à Cambrai (Nord-Pas-de-Calais) dès l'été 1496 et retourne en Hollande. Mais il rêve encore de Paris, ville où il s'est enfin sentit libre malgré ses grandes difficultés matérielles. Il y retourne et tente d'y vivre en donnant des leçons particulières aux fils de riches familles bourgeoises ou aristocratiques. Ses élèves deviendront ses amis, et il cultive une forme d'amitié exclusivement masculine, faite de travail et d'étude en commun : le poète Fausto Andrelini, le célèbre humaniste Lefèvre d'Etaples et le savant Robert Gaguin. Ce dernier fait connaître au monde le nom et le style d'Érasme (premier texte imprimé apparaît à la fin de son ouvrage, le Compendium de origine et gestis Francorum).

Ses leçons de latin lui inspirent de profondes réflexions sur la nécessité d'une nouvelle pédagogie. Il compose pour ses étudiants latinistes des modèles de lettres et travaille à l’élaboration d’une rhétorique épistolaire, d’abord en accord avec celle des humanistes italiens, mais appelée à connaître un développement extraordinaire qui aboutit en définitive à l’élévation de la lettre au rang de prose d’art. L’attention accordée à l’épistolaire dans son Cicéronien (1528), dialogue satirique sur l’imitation méticuleuse de Cicéron, témoigne également de l’importance que revêt le genre à la Renaissance.

L'année 1498 le voit rentrer en Hollande. Des reproches lui sont faits sur cette vie parisienne peu conforme avec son état ecclésiastique. Il fait alors la connaissance d'Anne de Veere, protectrice des humanistes, qui le soutiendra dans les difficultés.

3 – Son voyage en Angleterre finit son éducation

Si les années parisiennes voient germer dans l'esprit fertile d'Érasme une multitude de projets d'envergure, ce seront les mois passés en Angleterre (mai 1499-janv. 1500) qui s'avèreront décisifs. Invité par l'un de ses élèves (William Lord Mountjoy) à Londres puis Oxford, il est reçu dans un climat de chaleureuse confiance par les plus grands exégètes (spécialistes de l'interprétation philosophique et doctrinale des textes sacrés) modernes avec qui il a des débats cordiaux et constructifs. Il ne parle pas un seul mot d'anglais et n'aura jamais besoin de parler cette langue. Le latin lui suffira pour faire connaissance de tous les hommes qui comptent en Angletterre. Il se lie d'amitié avec Thomas More et avec l'illustre théologien John Colet qui lui fait découvrir le platonisme de Marsile Ficin (une influence capitale pour l'évolution spirituelle d'Érasme).

Les progrès d'Érasme dans ce pays y sont d'autant plus considérables qu'il prend lui-même conscience de sa position. Il commence à prendre de l'assurance, prendre soin de son apparence. Il côtoie les salons de la noblesse anglaise, apprend à monter à cheval et à chasser. Lui même l'écrit dans une lettre à un de ses amis : « Tu me demandes si j'aime l'Angleterre ? Hé bien si tu m'as jamais accordé quelque crédit, crois-m'en ! Rien ne m'a été plus salutaire que ce pays ». Il a alors 32 ans, et il est déjà fêté comme un humaniste de grand renom.

Aparté sur l'Humanisme : L’Humanisme est une vision du monde où tout gravite autour de l’homme comme tout gravitait autour de Dieu dans la vision antérieure en Occident.
Sa propagation rapide depuis l'Italie fut possible grâce à la combinaison de trois grands facteurs :
les grandes découvertes ouvrent des horizons nouveaux, suscitent de nouvelles réflexions et de nouvelles disciplines
la présence de souverains éclairés, de princes protecteurs ou de puissants épris de culture favorisent l'esprit nouveau et son financement : François Ier en France, les Médicis à Florence, Mathias Corbin en Hongrie...
le développement de l'imprimerie facilite la diffusion des traductions des grands Anciens mais aussi des œuvres humanistes

Les longues années de la maturation sont achevées. A son retour à Paris, Érasme est un fruit mur dont le jus peut désormais se répandre généreusement sur le papier. En quelques années, Érasme fait d'audacieuses et victorieuses incursions
en pédagogie : Adages en 1500 (présentation de la culture antique aux élèves à travers des proverbes et citations – 800 - commentés et replacés dans l'histoire de la pensée et de la langue) dont il augmentera le texte tout au long de sa vie
en philologie : Les Offices de Cicéron en 1501
en politique : Panégyrique de Philippe-le-Beau en 1504 (éloge de l'archiduc où s'esquisse le portrait du prince idéal, c'est-à-dire pacifiste)
en théologie : Manuel du soldat chrétien en 1504 => Érasme devient une figure de l'humanisme (influence du franciscain Jean Vitrier, gardien supérieur du couvent de Saint-Omer). L'exposé des préceptes pour vivre chrétiennement est un véritable bréviaire (recueil de prières à lire quotidiennement par les prêtres et religieux) évangélique où se trouve célébré le retour à la bible et à ses sources.

En 1501 il négocie auprès du supérieur de son monastère une année supplémentaire pour continuer ses études. Il se rend chez son ami Batt, à Tournehem, où il apprend le grec. En automne, retour vers la France, son protecteur et ami, Henri de Bergen meurt des suites de la peste. Il s'installe à Louvain où il travaille à ses premières traductions de grec. Mais c'est en 1504 qu'il découvre un texte de Valla / Lorenzo della Vale, le grand humaniste italien du XVème siècle, qui suggère des corrections à faire à la Vulgate (version latine de la Bible, traduite par saint Jérôme, entre la fin du IVème et le début du Vème siècle directement depuis le texte hébreu) par comparaison avec le texte grec. Cette idée le passionne : il trouve là la base théorique du travail de dépoussiérage des textes anciens. Il publie les annotations de Valla, chez un éditeur parisien.

Mini-conclusion : Érasme semble se plier sans broncher aux contraintes de l'ordre et des mœurs en place puisqu'il ne les affronte pas de plein fouet. Jamais très riches ni jamais très pauvre, il vagabonde dans toute l'Europe, ne s'attache jamais quelque part ni à quelqu'un.

Mari-on

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Date d'inscription : 29/11/2010

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