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Message  Amandine Mar 10 Mai - 11:12

Destin extraordinaire que celui du Japon : de faible superficie, montagneux à 80%, soumis à des séismes continus, à des typhons réguliers, il possède peu de ressources et a choisi d’être absent du jeu politique de l’Asie du Nord est durant deux siècles et demi. Pourtant, le terme le plus souvent employé pour qualifier ce pays, devenu troisième puissance économique vers le milieu des années 1960, est « miracle » - terme à consonance plutôt religieuse. Mais cette appellation rend-elle bien compte de la réalité ? La réussite japonaise semble en réalité posséder une explication rationnelle, car elle se décline sous les noms de travail, d’intelligence, d’éducation, de stratégie, de natalité, de guerre. L’ère meiji, symbole de l’ouverture générale de l’archipel japonais, fut remarquable par sa rapidité d’exécution et de succès. Il s’agissait de s’enrichir, de s’instruire, tout de préservant son indépendance et se faire reconnaître des autres puissances. L’ère Taisho et l’ère Showa, qui recouvrent le Japon de 1912 à 1915, semble s’inscrire dans la continuité de la modernisation amorcée dès cette ère Meiji. Un grand nombre d’éléments trahit pourtant un certain ancrage traditionnel qui nous pousse à reconsidérer la culture et les comportements de l’entre deux guerre japonaise.
Comment le japon a-t-il pu par ailleurs, en un peu plus d’un siècle, parcourir à vive allure le chemin de la modernité qui a pris cinq cents ans aux pays occidentaux ?
En définitive,
si la culture semble osciller entre tradition et modernité,
elle est aussi profondément marquée par une montée de l’impérialisme.
En réalité, le Japon de l’entre-deux guerre se présente comme un véritable foisonnement de contraires.







blablabla;

Toutes ces conséquences négatives nous poussent à reconsidérer le terme de miracle. Cette appellation rend-elle bien compte de la réalité ? N’avait-on pas affaire à ce que l’on pourrait qualifier de mirage, une chimère ayant ébloui certains contemporains, une illusion sur laquelle les historiens et la littérature n’ont pourtant pas manqué d’insister.


III. Le japon entre 1912 et 1945 : miracle ou mirage ?


A) Sous l’apparent modernisme des comportements , sous les attitudes, sous la brillante révolution industrielle et sous cette volonté sans partage d’expansion militaire ETC, se cache une vaste population opprimée, voire oubliée.


Bien que le Japon ait parcouru, en l’espace de quelques années seulement l’avancée spectaculaire que les plus grandes puissances mondiales ont mis des siècles à réaliser, l’ère Taisho et l’ère Showa ne se présentèrent pas cependant sous la forme de progrès continus. Si la première guerre mondiale fut un temps béni pour les capitalistes, et que la production, multipliée par 5, progressa à un rythme encore jamais vu dans le pays, les souffrances matérielles et physiques que durent endurer la population japonaise provoquèrent dans ce pays de vives réactions.

1) Les mouvements sociaux et la résistance ouvrière ont justement mis en exergue l’envers du décor..

La classe ouvrière connut bel et bien une exploitation féroce, car tout en subissant des journées de travail de quatorze heures, elle se voyait attribuer des salaires à la limite du minimum vital, et aucune journée de repos -sinon deux jours par mois pour les enfants seulement-. Les maladies et l’épuisement faisaient des ravages. Ainsi, à quarante ans, un ouvrier était considéré comme un vieillard.
En 1912 naît le Yuaikai –aussi appelé Société Fraternelle- syndicat créé par Suzuki Bunji. Composée d’ouvriers qualifiés, la coalition connaît un succès relativement rapide (20 000 syndiqués en 1918) grâce à la modération, des idées, revendications limités, qui visent à améliorer les conditions des travailleurs sans pour autant prôner la révolution.
* Pourtant, dès 1917, les grèves se multiplient. On dénombre 49 grèves pour l’année 1912 à 24 488 grèves rien que pour 1919. Ca devient un phénomène de masse. Il n’y a en réalité aucune amélioration, le discours du yûaikai, autrefois calme et pondéré, se durcit.
* Le mouvement social s’intensifie, comme on peut le voir pendant les émeutes du riz de juillet à septembre 1918. 2 millions de personnes dans la rue ; mécontents de l’inflation, surtout celle du riz, et reprochent au gouvernement de ne rien faire et aux riches marchands d’en profiter. Les émeutes de riz commencèrent par ce que l’on appela les « jacqueries des femmes », la dernière semaine de juillet, dans le département de Toyama. Comme le prix du riz montait sur le marché, des femmes de pêcheurs, travaillant au chargement du riz dans le port tentèrent d’empêcher le départ d’une cargaison de riz. Cet incident sans gravité apparente, répandit d’une manière étonnante, et atteignit progressivement les différentes villes de l’archipel.
Les interprétations de ces émeutes furent assez controversées : M. Hosokawa, La maturation du peuple par suite des émeutes de riz Parle d’« une grande révolte de génération spontanée parmi la population travailleuse ». En réalité, toutes les transformations du Japon ; surtout d’ordre économique et social ont créé un climat de nature à provoquer des troubles, et l’explication par la génération spontanée est probablement à nuancer. Toujours est-il que les émeutes très violemment réprimées, 25 000 personnes arrêtés, dont 8500 condamnées
* Le déséquilibre de plus en plus flagrant de la société a entraîné, dans les années 1920, la montée de mouvements d’extrême droite aux ramifications diverses : terroristes, groupes de femmes, clubs pour la jeunesse.
* La crise économique mondiale a également affecté l’archipel japonais. Elle parvient très vite au Japon, à cause de son économie tournée vers l’extérieur, et entraîne la chute des exportations et des importations, et la baisse des prix. De nombreuses petites et moyennes entreprises font faillite. Les grandes entreprises s’en sortent mieux, surtout les zaibatsu. La grève de masse s’accompagne donc de la naissance d’un chômage de masse.
è Les évolutions dans le domaine des libertés, des droits, et de l’essence de l’homme se voient nettement plus lentes. Peut-être qu’en réalité, l’avancée industrielle a devancé l’humanité, et l’écart entre morale et technique fut bien trop bouleversant pour la population

B. Peut-on, en dépit de ces grandes misères humaines et sociales, légitimer sa place dans le théâtre des grands puissances mondiales ? Etait-ce en effet davantage un mythe qu’une réalité ?
* L’illusion capitaliste. Certes, nous assistons entre 1912 et 1945 à un florissement économique d’ampleur exceptionnelle, qui rend le Japon de plus en plus à même de rivaliser à tous les points de vue avec les grands puissances occidentales. Mais l’écrasante défaite de 1945 s’impose pourtant comme l’effondrement de tout un rêve. Le japon a été entraîné dans une compétition qu’il n’avait peut-être pas réellement choisi, et dont il ne maîtrisait pas les règles. Ces quelques années de difficultés ont par ailleurs fait naître un sentiment nationaliste et xénophobe. On s’en prend aux pays capitalistes. Peut-on parler de crise du capitalisme ? Dans les années 1930, certains observateurs déclarent que: « le passé est plein de difficultés, le futur n’apparaît guère brillant ». Cette faiblesse s’explique par le constat d’un déséquilibre entre la croissance industrielle et l’existence d’une population rurale pauvre ».
*Il y’a eu, en outre, un grand nombre d’atrocités commises pendant la guerre. Les grandes entreprises qui ont contribué à l’industrialisation rapide de l’archipel japonais, à savoir les zaibatsu ont été considérées responsable de ces abominations.
* A l’occasion des 70 ans du massacre de Nankin, l’Institut d’Histoire du Temps Présent organisait une table ronde le 1er octobre 2007 intitulée « Penser les atrocités de l’armée japonaise durant la Seconde Guerre mondiale ». L’IHTP a travaillé sur la violence de guerre et les rapports entre mémoire et histoire. KASAHARA Tokushi a participé à cette table ronde et a réfléchi non seulement au massacre de Nankin mais au regard jeté sur les évènements par la société japonaise. Les manuels d’histoire mentionnant les actes commis par l’armée japonaise, notamment le massacre de Nankin, ont été l’objet de censure dans les années 1980, et c’est sur ce déni que l’historien s’est penché.
- L’historien rappelle tout d’abord de ce que fut le massacre de Nankin.
« Le terme de massacre de Nankin regroupe l’ensemble des actes cruels […] , tel que destructions, incendies de bâtiments publics et privés, pillages de richesses, ressources et vivres, violences à l’encontre des femmes, massacre de civils, réfugiés et militaires chinois par l’armée japonaise lors de la prise et de l’occupation de Nankin, capitale chinoise à l’époque, en décembre 1937, au début de la guerre sino-japonaise (1937-1945) ».
. Nankin fut, pour reprendre l’expression même de l’historien, « le pire massacre organisé à grande échelle dans une ville chinoise par l’armée japonaise, la plus grande démonstration de violence militaire visant une population civile ». Les chefs de l’armée et du gouvernement japonais étaient au courant du massacre mais la population, n’étant pas tenue informée des évènements a accueilli le commandant en chef des troupes, Iwane Matsui, comme un général triomphant. Les Japonais découvrent le massacre de Nankin, seulement lorsque le tribunal de Tôkyô l’a qualifié de « crime contre l’humanité ». ( a posteriori, en 1946).
è Mais 62 ans plus tard, les atrocités commises par l’armée japonaise restent un sujet très sensible. Et les commémorations, organisées chaque année au Japon à l’occasion de la date d’anniversaire de sa défaite, retournent le couteau dans la plaie - toujours pas cicatrisée - de ses voisins . On peut probablement parler d’hubris japonaise, une volonté d’expansion qui a perdu de vue une certaine moralité, un certain recul vis à vis des droits essentiels et fondamentaux auxquels chaque individu, peu importe son origine, doit bénéficier.

C. Le japon entre 1912 et 1915 se présente en réalité comme un véritable foisonnement de contraires. On l’a vu avec cette industrialisation qui s’accompagne de grandes inégalités, avec cette ouverture au monde, cette expansion, qui n’a pas empêché de véritables actes de barbarie.
L’entre deux-guerres du Japon regorge, comme toute période historique, de contradictions. Oscillant entre rupture et continuité, entre modernité amorcée en pleine ère Meiji et tradition propre à l’ère Edo, le paradoxe du japon s’affirme aussi dans le désir d’occidentalisation, corrélé à son rejet.

* L’écrivain Jun’ichirô Tanizaki a mis l’accent sur cette contradiction, en soulignant cette attirance vers un occident que l’on qualifiait d’exotique accompagnée d’un regret, comme une nostalgie d’un paradis perdu. Il se pose lui-même la question : Quand l’exotisme ne se contente pas de stimuler le goût culturel d’un peuple, mais l’incite à s’assimiler à une norme , comme dans le cas du Japon, cela n’amène-t-il pas le peuple à ressentir une nostalgie pour tout ce qu’il a abandonné, voire à éprouver de l’attirance pour son propre passé enterré ?
Y’avait un mélange d’admiration, et de sous-estimation de soi, que l’écrivain qualifiait de conscience masochiste d’infériorité par rapport à l’Occident. Tanizaki est quand même allé très loin, puisqu’en 1923, quand Tôkyô était frappée par le grand séisme du Kantô, il sautait de joie en estimant la gravité des dégâts. Il était, avant cet incident, mécontent de l’état où se trouvait Tôkyô : des bâtiments de style à moitié européen voisinaient des maisons traditionnelles japonaises. Ainsi, le tremblement de terre, qui a complètement détruit la ville, il s’est exclamé : « Ça y est ! Enfin, Tôkyô va devenir mieux ».
* assez paradoxal dans la vie et le raisonnement de Tanizaki, c’est qu’avec le séisme, il est allé s’installer dans une région en retrait, ( Kyoto) au contact des traditions, et s’est mis à prendre conscience de la beauté de sa propre culture. L’extinction de sa propre culture a comme « stimulé » son désir de l’inaccessible.
* Daté de 1933, L’Eloge de l’ombre s’impose comme l’achèvement d’un raisonnement, un aboutissement d’un système de pensée. Il s’agit en fait d’une sorte de comparaison culturelle, qui consiste à démontrer la beauté dans l’infériorité du Japon par rapport à l’Occident. Comme le montre le titre, l’esthétique japonaise réside dans l’ombre. Le livre incarne la mélancolie des Japonais, coincés entre leur désir de manifester une certaine identité nationale et leur dépendance vis-à-vis de la civilisation occidentale. L’écrivain estime que «le Japon est irréversiblement engagé sur les voix de la culture occidentale », et qu’il est désormais nécessaire de trouver des solutions pour supporter au mieux ces changements, en recherchant « quelque moyen de compenser les dégâts ». Le moyen qu’il a trouvé, c’est la littérature, car semble pouvoir faire revivre « cet univers d’ombre que nous sommes en train de dissiper.» L’éloge de l’ombre constitue donc une littérature engagée, puisqu’il s’agit clairement de sa manière à lui de résister.

La recherche de l’identité du Japon à travers notamment la littérature n’a pas eu pour but de connaître et de présenter ce qu’est le Japon, mais de se donner une altérité face à l’Occident. Les Japonais étaient pris, entre 1912 et 1915, dans le paradoxe de vouloir se différencier tout en voulant s’assimiler au modèle occidental. C’est donc une affirmation contrariée que le Japon a effectuée entre 1912 et 1914

Amandine

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